
Les ados sont scotchés à leurs écrans moi je peux pas les regarder, les écrans. Tout à l’heure je voulais voir la météo j’ai cliqué sur une vidéo de L214, pardon c’était pas L214, c’était Beyrouth. Ça va trop vite je confonds tout. Même grisé je peux pas regarder. Beyrouth, je veux dire.
C’est pas moi qui déconne. La CPI a émis un mandat d’arrêt international contre Netanyahou et Gallant, pour Israël, et Deif pour le Hamas, pour crimes de guerre. Côté Israëlien, on parle du Premier ministre et de l’ancien Ministre de la Défense d’un pays riche. Je suis pas la seule à pas pouvoir regarder les écrans.
Les chiffres officiels des morts à Gaza c’est 44 000. C’est pas 44 000 terroristes. C’est des enfants, des femmes, des personnes âgées. Les criminels qui s’en prennent à ces personnes-là, je veux dire les enfants, les personnes âgées, quand ils se font prendre, ils ont besoin d’une protection spéciale en taule parce que même un bandit multirécidiviste veut pas partager sa cellule avec ça. Et 44 000 c’était il y a 3 mois. Parce qu’on n’a plus d’info. Plus personne peut entrer à Gaza. Même les camions d’aide humanitaire, sur 50 y en a 2 qui arrivent et une fois arrivés ils savent qu’y pourront plus repartir. Les pillages et les bombes. Donc entre les morts sous les balles, sous les bombes, et les morts de faim y a longtemps qu’on a perdu le compte. Et quand on parle de morts on mentionne pas les blessés, mais blessé à Gaza c’est pas des égratignures, ça veut seulement dire que le pauvre gosse va mettre des mois à mourir. Les rescapés du 7 octobre en meurent aussi, plus tard. Mais un mort d’un côté et un autre mort de l’autre, ça fait pas zéro mort, ça en fait deux. Et y a tout de même une grosse asymétrie dans ce conflit.
Détruire dans cette zone c’est de la compulsion. Chacun les siennes. Y en a qui bouffent sans pouvoir s’arrêter, y en a qui enfilent tout ce qui passe, homme, femme, les cris ils l’entendent comme moi la salade, quand j’ai de quoi acheter de la salade, d’autres qui se mettent tout ce qu’y peuvent de drogues, dans le nez, dans les veines, par la peau, par la bouche… Là le patient il agit sur lui, ça peut poser quelques problèmes de voisinage mais le terrain du conflit ç a reste le corps du malade. Netanyahou il extériorise. C’est de la compulsion de détruire mais sur le corps et le territoire des autres, qui sont pas si malades que lui. Alors Gaza maintenant c’est même plus des corps ensachés dans des linceuls, ni des immeubles en ruine, c’est juste plat. Y a des zones on peut rouler droit devant soi, y a rien ni devant ni sur les côtés. C’est plat. Fort d’un si beau succès, sans que personne, pendant des mois, n’ait eu le réflexe de lui dire « Mais t’es fou arrête ! », Bibi a décidé de bombarder le Liban sud, le Liban nord, le Liban est, aussi, la capitale libanaise, le Yemen, l’Iran. Il est poli. Pour l’Iran il a demandé l’autorisation aux USA. Pour le Liban, y rentre, y donne ordre d’évacuer, il lâche les bombes. Le samedi 23 novembre au matin la presse annonçait 4 victimes civiles à Beyrouth, un immeuble détruit, le samedi soir, c’est 50. Il a fait que ça. Il a bossé toute la journée Bibi. Dimanche il a battu son propre record, c’est 80 victimes et il continue la nuit. C’est comme les gens qui rasent les forêts illégalement H24, sauf que lui, c’est des immeubles. Avec les habitants dedans. Les otages si c’était pas flambé, maintenant on sait où on en est. C’est peut-être un cas d’hypnose du chiffre, il explose les compteurs. On a perdu le compte.
C’est du jamais vu, l’armée à Bibi elle entre au Liban, elle donne l’ordre d’évacuer comme si elle était chez elle et elle frappe. C’est le voisin perturbé qui vient chez toi tôt le matin, y te dit ‘Je vais te traiter tes capricornes’, tu lui dis ‘J’ai pas de capricornes, t’es gentil faut que j’aille au travail’, y te fait ‘si, t’as des capricornes dans tes boiseries, je les entends la nuit y m’empêchent de dormir’, là tu te dis ‘Je vais être en retard au travail’ et tu le fous dehors. Le mec y revient y rase l’immeuble. N’importe où dans le monde on aurait dit ‘Il est complètement ravagé on va l’aider mais surtout on va le sortir du circuit’. Au Liban, non. Et la communauté internationale a pas bronché. Ça coupe le souffle : le respect de la communauté internationale pour les pays arabes en général et pour le Liban là tout de suite. Macron et Biden se sont rencontrés pour discuter des modalités d’un cessez-le-feu entre Israël et le Liban. Mikati, Premier ministre libanais, n’y était pas. C’est un pays y a un fou qui est pas un national, y rase les bâtiments, tue les civils, donne des ordres, donne ordre d’évacuer, tue et détruit, ce pays on décide de son sort par-dessus sa tête, le Premier ministre est même pas invité. C’est le bordel, le Liban, y a pas de Président, mais en France le Président il est pas légitime, il agit, personne l’a élu, son parti c’est le parti minoritaire, aux USA c’est un très vieux monsieur qui s’est sauvé de son Ehpad, le truc un peu spécial c’est qu’on risque tous d’en mourir. Si c’était ça, la raison, elle est pas recevable, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Remarque bien, y va pas rire longtemps au Liban, l’hôpital, parce que Netanyahou y fait une fixation particulière sur les hôpitaux. C’est ses cibles de prédilection les hôpitaux. Apparemment c’est plein de dangereux terroristes. Surtout dans les maternités.
Et alors c’est des conséquences en grand, les décisions, sur ce conflit, parce qu’Israël est un Etat religieux, mais des juifs, religieux ou pas religieux, y en a partout dans le monde, y compris des gens qui ont un lien familial mais s’en fichent, et vont se faire insulter ou agresser en sortant de chez eux, par des gens qu’ils n’avaient jamais vus avant, pour quelque chose qu’ils n’ont jamais fait, sur quoi ils n’ont aucun contrôle.
L’horreur à l’œuvre ne relèvera pas les morts du 7 octobre. On n’empile pas les morts sur les morts. Je donnerais quasi n’importe quoi pour être bourrée. J’ai pas une goutte d’alcool dans le sang. Je baise les pieds des Gazaouis, tués sans motif, ayant vécu sans espoir, et ceux des Libanais qui prendront leur place au supplice.
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